État d'avancement du projet Chronospédia

Le projet Chronospédia est un projet prétendument de sauvegarde du savoir-faire horloger qui fait de nombreuses promesses, mais qui a un discours rempli d'approximations et de contradictions. Il se présente notamment comme innovateur et révolutionnaire pour la 3D horlogère, ainsi qu'ouvert. Il a rallié un certain nombre de musées qui ne semblent versés ni dans la 3D, ni dans la recherche. En réalité, le projet Chronospédia n'est ni révolutionnaire, ni ouvert, ni même à l'avant-garde de la technologie, comme le montre le tableau ci-dessous. Mais surtout, j'estime que ce projet est dangereux pour le patrimoine horloger, car il ne prend pas en compte les priorités de la conservation horlogère et n'est pas impliqué dans la recherche horlogère (ni technique, ni historique). Une étude détaillée des problèmes de ce projet a été donnée par ailleurs.

Dans le tableau ci-dessous, j'examine les réalisations de Chronospédia par rapport d'une part aux besoins des chercheurs dont je fais partie, d'autre part par rapport aux urgences de la conservation du patrimoine. La 3D est loin d'être une urgence pour la conservation du patrimoine horloger et les vraies priorités devraient être l'inventaire et la documentation. En se focalisant sur la 3D, des pans entiers de patrimoine horloger risquent d'être encore plus négligés et peuvent disparaître.

Notes du 4 février 2025 :

• En ce qui concerne les publications du projet, les dirigeants du projet (F. Simon-Fustier et K. Protassov) n'ont publié en date de début 2025 AUCUN article technique ou historique sur l'horlogerie ou des horloges particulières. Leurs seules publications sont quelques annonces relatives au projet Chronospédia et à sa structuration, ainsi que des « communiqués de presse » dans le bulletin de l'AFAHA. Par ailleurs, Pierre Judet, membre du comité de pilotage, a défendu en 2000 une thèse sur le sujet « Horlogeries et horlogers du Faucigny (1849-1934) », mais elle ne peut évidemment pas être incluse dans le projet, sans quoi on devrait inclure toute la littérature horlogère dans les publications de Chronospédia.
• La presque totalité des points présentés ici pourraient être validés. Les modèles 3D pourraient être mis en ligne, il est possible de présenter un fichier glTF avec accès aux métadonnées (je l'ai fait fin janvier 2025), des rapports de restauration pourraient être mis en ligne (au moins ceux de M. Simon-Fustier), des dossiers photographiques aussi (il y a par exemple 500 photographies dans le dossier de la restauration de l'horloge de Cluses), etc.
• D'après une présentation de Chronospédia de 2023, le projet envisageait d'utiliser les visionneuses modelviewer de Google, ou Voyager du Smithsonian, mais la réalité est qu'aucune de ces visionneuses n'est nécessaire, ni adaptée à un mécanisme d'horlogerie. Chronospédia peut et doit développer sa propre visionneuse.
• Attendons donc la suite !

Notes du 5 février 2025 :

• Le site de Chronospédia comporte quelques modèles accessibles en réalité augmentée (RA) grâce à des fichiers GLB. Il faut noter qu'il n'y a ici rien d'extraordinaire, les fichiers GLB pouvant être produits à partir des fichiers glTF, ou en même temps, et leur mise en ligne se fait par quelques lignes de code. Je l'ai moi-même fait ici. (Pour que cela fonctionne, il faut que le téléphone soit compatible ARCore.)
• Au final, on se rend compte que le projet Chronospédia ne comporte pratiquement aucun savoir-faire propre. Ce projet met en avant des technologies que tout un chacun peut facilement mettre en œuvre sans Chronospédia.

Notes du 7 février 2025 :

• J'ai mis en ligne un modèle de l'horloge de Notre-Dame en glTF avec à la fois des parties sélectionnables, des métadonnées et du mouvement, ce que Chronospédia n'a pas encore réussi à faire à ce jour.

Notes du 8 février 2025 :

• Les visionneuses de Cluses et de Mafra réalisées vers 2019 semblent basées sur des exports JSON de SolidWorks, ensuite rendus avec Three.js. Ces visionneuses n'utilisent pas le format glTF. Il est à noter que les pièces peuvent être sélectionnées dans les visionneuses de Mafra, mais les nombres de dents des roues ne sont pas affichés.

Notes du 9 février 2025 :

• Le 9 février 2025, j'ai envoyé à l'équipe de Chronospédia un exemple de script SolidWorks qui parcourt tous les objets d'une scène et produit pour chaque objet un fichier STEP normalisé (c'est-à-dire placé à l'origine) et un fichier de métadonnées avec la position de cet objet. Un tel script permet donc facilement de répondre aux premiers points du tableau précédent en ce qui concerne la mise en ligne de fichiers STEP séparés (un fichier par pièce) et assemblables (grâce aux métadonnées). L'équipe de Chronospédia ne peut donc plus dire que cette mise en ligne pose des problèmes, parce qu'elle n'en pose aucun.

Denis Roegel, version du 9 février 2025.